Maurice LETEUIL(1917-2007) |
Né le 28 novembre 1917 à Saint-Pellerin (Eure-et-Loir), dans une famille cheminote, Maurice Leteuil s'engage dans l'armée le 25 juin 1936, au 1er Régiment de Dragons, à Pontoise. Démobilisé, il rejoint le Maine-et-Loire. Il travaille dans un garage à Saint-Philbert-du-Peuple et bientôt intègre un groupe de résistants à Neuillé. Avec son épouse Lauriane et des amis, ils décident de s'engager dans l'aide aux clandestins cherchant à échapper aux recherches des autorités allemandes. Maurice leur trouve des planques et prépare leurs déplacements tandis que Lauriane avec d'autres résistants fournit les faux-papiers nécessaires et pourvoit au ravitaillement des maquisards. Le 18 janvier 1944, Maurice et Lauriane sont arrêtés par la Gestapo et emprisonnés au Pré-pigeon à Angers. Leurs deux enfants en bas âge restés seuls dans la maison sont rapidement recueillis par Mme Beaulieu, leur grand-mère maternelle. La Gestapo veut savoir à quel groupe appartient Maurice Leteuil, quels sont ses chefs, s'il possède d'autres armes que le revolver retrouvé dans la sacoche de son tandem. Pendant deux jours et deux nuits, il subit interrogatoires et violences dans les caves de la Gestapo, rue de la préfecture à Angers, mais ne livre rien. Maurice Leteuil est alors interné au camp de Royallieux à Compiègne d'où il part par le convoi de déportation du 12 mai 1944. Arrivé au camp de concentration de Buchenwald le 14 mai, il devient désormais le matricule n°51 775. D'abord affecté au Kommando de travail de Wieda, il est envoyé ensuite au camp de Dora. Début avril, il est évacué vers le camp de Bergen-Belsen. Libéré le 15 avril 1945 par les Alliés, Maurice Leteuil est rapatrié le 24 avril, dans un état épouvantable. Il arrive à Angers, accueilli par ses enfants ; mais, sans son épouse Lauriane qui arrive quelques jours plus tard après avoir connu l'enfer des camps de Ravensbrück et de Flossenbürg. Très entouré par sa famille, Maurice Leteuil se rétablit peu à peu. Maurice Leteuil poursuit alors une carrière d'officier, qui l'amène notamment à combattre en Indochine de 1952 à 1954. Il termine sa carrière avec le garde de colonel. À la retraite, avec discrétion et efficacité, il se met au service de ses camarades résistants et déportés en les aidant, tant pour faire valoir leurs droits qu'au niveau personnel, leur prodiguant conseils et encouragements. À la demande du général Jean Ginas, président-fondateur de la Confédération Nationale des Combattants Volontaires de la Résistance (CNCVR), il crée, en 1976, l'Union Départementale, des CVR de l'Essonne. Profondément attaché aux valeurs de la Résistance, convaincu de l'importance du devoir de mémoire, Maurice Leteuil participe activement à l'organisation du Concours National de la Résistance et de la Déportation. Alors qu'il est membre du Conseil national de la CNCVR, avec Henri Bailly, il crée à Paris les conditions d'accueil des lauréats nationaux et de leurs professeurs. Ainsi, pendant de nombreuses années, avec plusieurs camarades, dont MM France Boudault, Jacques Henriet, Yves Leleux, Jean Mahieu-Villars et Albert Sernissi, il organise, avec talent, la réception offerte par la CNCVR et les associations de résistants et de déportés au Cercle national des Armées à Paris. Il n'hésite pas non plus à donner de sa personne au sein du jury départemental de ce concours dans l'Essonne. Commandeur de la Légion d'honneur, titulaire également de la Croix de guerre 1939-1945, de la Croix du combattant volontaire de la Résistance et de la Médaille de la Déportation pour faits de Résistance, Maurice Leteuil nous a quittés le 26 février 2007, à l'âge de 90 ans. Le 1er mars 2007, à l'occasion de ses obsèques civiles au cimetière de Saint-Martin-de-la-Place (Maine-et-Loire) où sa mémoire fut saluée par les autorités, Jean Rousseau, dernier président de la Confédération nationale des Combattants Volontaires de la Résistance rendait hommage à Maurice Leteuil en ces termes : « Nous garderons de toi l'image d'un homme, d'un ami discret, modeste, joyeux, soucieux des autres, courageux et efficace, fidèle à ses principes de Liberté et des Droits de l'Homme et respectueux de ceux des autres. ». Frantz Malassis |