Hommage à Madeleine Riffaud (1924-2024)
Actualité, Jeu 7 novembre 2024 La Fondation de la Résistance tient à saluer la mémoire de Madeleine Riffaud, résistante, poète et journaliste décédée le 6 novembre dernier à Paris. Née le 23 août 1924 à Arvillers dans la Somme elle grandit dans une famille républicaine d’instituteurs originaires du limousin. Elève sage-femme à Paris, Madeleine Riffaud n’a que 18 ans lorsqu’elle s’engage en 1942 au sein du Front national de lutte pour la Libération et l’indépendance de la France, organisation d’obédience communiste. Déjà autrice de poésies, elle choisit alors le pseudonyme de Rainer en hommage au poète autrichien Rainer Maria Rilke (1875-1926) dont elle admire l’œuvre. Ce choix d’un prénom allemand n’est pas au goût de tous ses camarades mais l’un d’entre eux rappelant que les résistants ne sont pas en guerre contre le peuple allemand, elle restera connue sous le nom de guerre de Rainer (1). Elle devient agent de liaison au sein d’un groupe de Francs-tireurs et partisans. Par un numéro du journal clandestin des Lettres françaises, elle apprend le massacre d’Oradour-sur-Glane par la division SS Das Reich. C’est un véritable choc qui va la faire basculer dans la lutte armée. Ainsi, le 23 juillet 1944, elle abat un gradé allemand sur le pont de Solférino à Paris. Arrêtée par la Milice qui la remet à la police française spécialiste de la lutte contre les communistes, la Brigade spéciale n°2, elle est finalement livrée à la Gestapo. Elle subit la torture avant d’être libérée le 18 août 1944 de la prison de Fresnes à la suite de l’imminence de l’insurrection parisienne. Elle participe alors aux combats de la Libération de Paris notamment le 23 août 1944 au Pont de Belleville-La Villette où à la tête d’un groupe de FTP elle bloque un train de soldats allemands qui tente de fuir Paris. Cette opération se solde par la capture de 80 soldats allemands. Après la Libération, elle sombre dans une profonde dépression. Face à sa détresse, des intellectuels communistes la soutiennent comme Paul Eluard qui, en 1945, préface et l’aide à publier son recueil de poèmes Le Poing fermé. Elle fait également la rencontre de l’écrivain Vercors et de Picasso qui fait son portrait. Elle débute une carrière de journaliste d’abord dans le journal communiste Ce soir, puis pour le quotidien L'Humanité pour lequel elle couvre les guerres d’Algérie et du Vietnam. Militante anticolonialiste, elle dénonce la torture subie par les militants du FLN à Paris. Une cérémonie d'hommage à Madeleine Rifaud se tiendra le mercredi 20 novembre 2024 à 14h30 au cimetière du Montparnasse à Paris. (1) Archives « Madeleine Riffaud, la mémoire sauve », France culture, 1993. |