Octave SIMON(1914-1944) Réseau Prosper-Physician de la section F du Special Operations Executive (SOE) RéseauSatirist, sous-réseau du réseau Prosper-Physician. |
Octave Simon est né à Lyon en 1914. Orphelin de père, mort pendant la Grande Guerre, Octave Simon se tourne très jeune vers une carrière artistique et s’affirme comme un sculpteur de talent reconnu précocement dès l’Exposition internationale de Paris de 1937 où il se voit décerner une médaille d’or. À 22 ans, il dessine et réalise l’esquisse d’une statue dédiée à Guillaume Fichet, un lointain ancêtre, recteur de la Sorbonne qui, en 1470, vingt ans après l’édition à Mayence de la première Bible réalisée par Gutenberg, installe un atelier d’imprimerie au collège de la Sorbonne contribuant de la sorte à son rayonnement international. Germanophile, passionné de culture allemande, l’idée d’Octave Simon était de célébrer les liens culturels avec l’Allemagne mais les circonstances de la guerre lui font rapidement ajourner ses beaux projets humanistes. Dès lors, il met toute son énergie à défendre les valeurs républicaines et à lutter contre l’Allemagne nazie. En 1939, il est incorporé au 7e régiment de Chasseurs à cheval (Évreux). Puis, la stupeur de la défaite française passée, dès 1940, il fait le choix de la Résistance et s’engage dans diverses sortes d’actions (2). En 1942, il travaille avec Philippe de Vomécourt. Après l’arrestation de ce dernier, il entre en contact avec Francis Suttill, chef du réseau Prosper-Physician de la section F du Special Operations Executive (SOE), qui lui demande d’organiser des caches d’armes dans la Sarthe. Octave Simon est alors chargé d’organiser Satirist, un sous-réseau du réseau Prosper-Physician et assure alors la distribution d’une part importante des armes livrées à Francis Suttill. Durant l’été 1943, alors que la répression allemande s’abat sur le réseau Prosper-Physician, il échappe plusieurs fois de justesse à l’arrestation. Bien que malade, il parvient depuis Paris à gagner Angers d’où il rejoint l’Angleterre à bord d’un Hudson dans la nuit du 19 au 20 août 1943(3). À Londres, son chef, le colonel Buckmaster, refuse de le renvoyer en France, estimant qu’une telle opération lui ferait courir un trop grand risque. Cependant, à force d’insistance Octave Simon parvient à obtenir une nouvelle mission en France malgré une stupéfiante déclaration qu’il fait au colonel Buckmaster : «Sachez que je n’aime pas le peuple anglais et que j’aime les Allemands. Il faut tout le drame que vit mon pays pour que je me trouve totalement engagé, sous vos ordres, dans une lutte acharnée contre les Allemands. Vous pouvez cependant compter totalement sur moi. » Le 7 mars 1944, il est parachuté en France avec pour mission de redéployer et diriger le réseau Satirist dans la région de Beauvais. À l’atterrissage, il est arrêté par les Allemands avec son opérateur radio, Marcel Defence (Dédé). Interrogé brutalement, on perd sa trace le 13 mai 1944, alors qu’il est entre les mains des services allemands, place des États-Unis à Paris (4), par ailleurs jour de la déportation de sa mère Anne Simon et de son épouse Michelle. À leur retour de Ravensbrück, elles mettront tout en œuvre pour retrouver la trace d’Octave Simon mais leurs recherches resteront vaines. À la fin des années 1990, le Comité Guillaume Fichet-Octave Simon est constitué, grâce à l’obstination de sa fille Ghislaine Richard-Vitton et de l’ambassadeur de France Jacques Morizet pour permettre l’édification en France et en Allemagne de la statue de Guillaume Fichet réalisée par Octave Simon, une des rares œuvres rescapées du saccage par les nazis de son atelier sis 65, boulevard Arago à Paris. Une première statue est érigée à Paris le 14 décembre 2000 devant le pavillon Heinrich Heine de la Cité universitaire internationale de Paris tandis que le 9 mai 2001 une autre est inaugurée à l’université Johannes Gutenberg de Mayence. Ainsi, le rêve d’Octave Simon est réalisé tout en offrant un très beau trait d’union entre deux Nations jadis ennemies. Depuis, un prix Guillaume Fichet - Octave Simon récompense chaque année l’auteur d’un ouvrage de recherche mettant en valeur la Résistance française et allemande de 1933 à 1945. Le fonds Octave Simon (1) est principalement composé d’archives familiales, notamment des photographies et de la correspondance, d’un dossier relatif à la recherche d’Octave Simon après guerre, de documents officiels attestant de son activité dans la Résistance et de documents relatifs à son activité artistique (notes manuscrites et croquis à la plume, photographies de ses œuvres et de son atelier). Suite à l’intervention de la « commission archives », ce fonds familial a été remis en février dernier au Service historique de la Défense par le gendre d’Octave Simon, M. Albert Richard-Vitton. Grâce à ce fonds conservé sous la cote 2011 PA 8 - fonds Octave Simon (0,6 mètre linéaire), c’est toute la vie artistique et l’environnement familial de ce résistant plus que son activité opérationnelle qui peuvent être étudiés. Parallèlement au don de ce fonds d’archives, M. Richard-Vitton a remis une partie des œuvres d’Octave Simon rescapées de la guerre au musée des Années trente à Boulogne-Billancourt tandis qu’une tenue de déportée de Michelle Simon(5) et des d’objets confectionnés clandestinement en déportation avec du caoutchouc destiné à la fabrication de masques à gaz ont été versés au musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon. Frantz Malassis (1) Ce fonds est consultable au Château de Vincennes, site principal du Service historique de la Défense. La réservation des places en salle de lecture Louis XIV et des documents est ouverte quatre semaines à l’avance et s’effectue au minimum 72 h avant votre venue.Vous pouvez réserver par téléphone au 01 41 93 20 95 ou par le biais du formulaire de réservation disponible sur le site internet : servicehistorique.sga.defense.gouv.fr (2) Pour plus de détail sur le parcours d’Octave Simon on se reportera au livre de Michael R. D. Foot, Des Anglais dans la Résistance. Le Service Secret Britannique d’Action (SOE) en France 1940-1944, Tallandier, 2008, 779 p. Cet ouvrage de référence sur le sujet est la traduction en français de SOE in France. An account of the Work of the British Special Operations Executive in France, 1940-1944, London, Her Majesty's Stationery Office, 1966, 1968 ; Whitehall History Publishing, 2004. (3) Cette opération avait pour nom de code « Dyer » s’est déroulée sur le terrain « Achille », près d’Angers cf. Hugh Verity, Nous atterrissions de nuit..., 4e édition française, éditions Vario, 1999, p. 275. (4) Comme un des 104 agents du SOE section F morts pour la France, le nom d’Octave Simon est inscrit au mémorial de la section F du SOE à Valençay (Indre). Chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume, Octave Simon est également titulaire de la Croix de guerre 1939-1945 avec palme et de la Médaille de la Résistance française tandis que le Royaume-Uni lui décerna la Military Cross. (5) Michelle Simon, épouse d’Octave Simon est née le 7 octobre 1910 à Mayenne (53). Résistante, elle est déportée par le convoi parti de la gare de l’Est (Paris) le 13 mai 1944. A son arrivée au camp de concentration de Ravensbrück le 18 mai, elle portera le matricule 39 001 et sera affectée au kommando d’Hanovre. |