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Elie-Jacques PICARD


(1920-2007)
Mouvement Franc Tireur
Réseau de renseignements Kasanga 

Né le 5 octobre 1920 à Changy (Loire), Élie-Jacques Picard n'a pas 20 ans, lorsqu'en juin 1940 il prend connaissance de l'Appel du général de Gaulle et qu'il tente depuis Bordeaux de rejoindre l'Angleterre.

Ce premier échec n'entame pas sa volonté d'agir contre l'occupant. Ainsi, alors qu'il est admis en octobre 1940 au lycée du Parc à Lyon comme élève en classe préparatoire au concours de l'École de l'air, il s'engage dans l'action clandestine. Dès 1941, par l'intermédiaire d'amis de son père, d'Antoine Avinin et de Jean Fauconnet, il est chargé de distribuer des tracts du mouvement « France-Liberté » et, en décembre 1941, il participe à la diffusion du premier numéro du journal Franc-Tireur tiré alors à 6 000 exemplaires !

Officiellement reconnu, à partir du 1er mars 1942, comme agent de liaison au mouvement  « Franc-Tireur », Élie-Jacques est essentiellement chargé de la diffusion du journal à Lyon et à Clermont-Ferrand où se trouve repliée l'université de Strasbourg depuis 1939.

En 1943, après la fusion des mouvements de la Zone sud dans le cadre des Mouvements Unis de la Résistance (MUR), Élie-Jacques Picard est affecté au réseau de renseignements « Kasanga », dirigé par Jean Gemähling. Il accomplit alors de nombreuses missions, en particulier en Provence et sur la côte méditerranéenne où il collecte et transmets de nombreuses informations sur les défenses allemandes de ce secteur. C'est ainsi que grâce à la complicité de cheminots, il rapporte de Toulon à Lyon un volumineux plan, soigneusement roulé, de la base de sous-marins de la Kriegsmarine au Mourillon qui fut ensuite transmis à Londres.

Le 21 juin 1944, il est arrêté à Lyon par la Gestapo et interrogé par Klaus Barbie (1).

Interné au Fort Montluc, il est déporté au camp de concentration de Natzweiler-Struthof le 11 août 1944.

Au début de septembre 1944, face à l'avance des armées alliées dans l'Est de la France, les nazis évacuent les déportés du camp du Struthof vers le camp de Dachau. C'est dans ce camp, qu'Élie-Jacques Picard, très affaibli par le typhus, est libéré par les Américains le 29 avril 1945.

Rapatrié le 13 mai 1945, il passe néanmoins avec succès l'oral du certificat de Mathématiques Générales en octobre 1945, la validité de l'écrit, datant pourtant de juin 1942, ayant été maintenue par la faculté.

De 1946 à 1949, son état de santé consécutif à la Déportation, ne lui permet pas de continuer des études supérieures et le contraint à plusieurs séjours dans différents hôpitaux et sanatorium. De 1950 à 1951, au cours d'une période de convalescence, il reprend, à temps partiel, ses études à la Faculté des Sciences de Paris. En 1952, il obtient la licence es Sciences Mathématiques.

Commence alors pour Élie-Jacques Picard une longue et  brillante  carrière universitaire.

Assistant, puis maître-assistant à la faculté des Sciences de Paris (1955-1963), il est nommé, en octobre 1963, chargé de cours au Collège scientifique de Brest qui vient d'être créé avant d'obtenir, en octobre 1965, sa thèse de doctorat es Sciences à Paris. Maître de Conférences (1966-1974), professeur des Universités (1974-1989), en octobre 1989 il achève sa carrière comme professeur émérite de physique à l'université Paris VI.

Désormais à la retraite, il est sollicité par Charles Verny et entre, dès 1989, au bureau national du Comité d'Action de la Résistance (CAR) comme vice-président chargé de la communication. À ce titre, il a la charge de la revue trimestrielle La Voix de la Résistance, fonction qu'il assuma jusqu'à son décès.

Membre du jury du Prix littéraire de la Résistance, il succède à Marie-Claire Scamaroni, pour assurer le secrétariat général et l'organisation de sa remise de ce Prix du CAR au Palais du Luxembourg.

Membre du Conseil d'administration de la Fondation de la Résistance, président de l'Union Interdépartementale des Combattants Volontaires de la Résistance de Paris et de la région parisienne, Élie-Jacques Picard s'est consacré avec dévouement et efficacité  à ses camarades de Résistance avant de s'éteindre à Paris le 12 juin 2007.

Commandeur de la Légion d'honneur, Officier des Palmes académiques Élie-Jacques Picard était titulaire de la Croix de guerre 1939-1945 avec Palme, de la Médaille de la Résistance avec rosette, de la Croix du Combattant volontaire de la Résistance.

Le 30 juin dernier, dans l'église Saint-Roch, église parisienne dédiée au souvenir de la Déportation, Pierre Morel, après avoir retracé le parcours remarquable d'Élie-Jacques Picard acheva son hommage par ces mots qui nous engagent : « Élie-Jacques ton souvenir restera intact parmi nous, et, en souvenir de toi, il nous rappellera que nous devons assurer, comme tu n'as cessé de le faire, le devoir de mémoire, de vigilance permanent et préventif. »

Frantz Malassis

(1) C'est la raison pour laquelle, il a été appelé à déposer comme témoin à son procès à Lyon en juin 1987.