Guy MOQUETLettres de fusillés, de Guy Môquet à Henri Fertet. source: Service historique de la Défense |
A propos de la dernière lettre de Guy Môquet à ses parents. [article paru dans Historiens & Géographes, Bulletin de l'Association des professeurs d'Histoire-Géographie, n° 400, octobre-novembre 2007] En répression de l'exécution du Felkommandant de Nantes, Karl Hotz, le 20 octobre 1941, 48 otages sont fusillés le 22 octobre : 5 au mont Valérien, 16 à Nantes et 27 à Châteaubriant, dont Guy Môquet, 17 ans, le plus jeune d'entre eux. C'est en chantant la Marseillaise que les 27 otages montent dans les camions, traversent la ville et, après avoir refusé d'avoir les yeux bandés, font face à leurs fusilleurs. Le curé Moyon a rapporté ces paroles transmises par les condamnés : " Nous allons mourir pour la vie [...] Notre sacrifice ne sera pas inutile, nous le savons, un jour il produira ses fruits. " Leur chant de la Marseillaise a ému tous les " spectateurs " y compris le Kreiskommandant Kristukat qui a confié au curé Moyon : " Je viens de constater que l'on peut être communiste et rester français. " Tous les témoins qui ont assisté à cette scène, ont fait part de l'incroyable émotion qui a saisi tous les acteurs, sans exception. Qui sont les 27 fusillés de Châteaubriant ? Ce sont, pour la plupart (25 d'entre-eux), des militants communistes internés au camp de Choisel. Qui est Guy Môquet ? Né à Paris le 26 avril 1924, Guy Môquet est le fils du député communiste Prosper Môquet, interné en octobre 1939, sur décision du gouvernement Daladier en raison de son ralliement au pacte germano-soviétique. Pour son père, Guy éprouve un amour filial émouvant, il l'admire et partage son idéal communiste. Militant aux Jeunesses communistes, il diffuse la propagande communiste dont L'Humanité clandestine, ce qui lui vaut d'être arrêté le 13 octobre 1940 par la police parisienne. Par décision du 23 janvier 1941, le substitut du Tribunal pour Enfants et Adolescents de la Seine ordonne qu'il soit " remis à sa mère, en liberté surveillée ". Mais, il n'est pas libéré, victime d'une mesure d'internement administratif qui permet au préfet, en s'affranchissant de toute décision judiciaire, d'ordonner l'internement des personnes suspectes de nuire à la sécurité nationale, très souvent des communistes. C'est ainsi que le 15 mai 1941, Guy Môquet est transféré au camp de Choisel, à Châteaubriant, où sont internés de nombreux militants communistes. Une grande fraternité règne parmi les détenus qui suivent l'évolution de la guerre et celle du parti communiste. Pour quelle raison Guy Môquet a-t-il été arrêté puis fusillé ? Arrêté par la police française parce qu'il distribuait de la propagande communiste, doit-on considérer cette action comme un acte de résistance ? Les tracts communistes de l'automne 1940 appellent-ils à la résistance contre l'occupant ? La réponse est négative si l'on considère la propagande de la direction du parti communiste, étant entendu que, localement, des communistes ont adopté des positions différentes de celle d'une direction dont ils sont souvent coupés depuis la dissolution du parti. De juin à août 1940, les dirigeants du Parti communiste français ont entamé des négociations avec les Allemands afin d'obtenir la reparution légale de L'Humanité, interdite depuis le 26 août 1939. Dans les documents retrouvés depuis, les communistes rappellent leur soutien au pacte germano-soviétique : " Pour l'URSS nous avons bien travaillé par conséquent par ricochet pour vous. " Ils promettent : " Nous ne ferons rien pour vous mais rien contre vous. " Pour le moins, rien qui s'apparente à de la résistance, mais la volonté de reconstruire un parti affaibli, sur une base qui cède plus à la compromission qu'au simple compromis. Quel est le contenu de L'Humanité distribuée par Guy Môquet ? Dans les grands thèmes du journal figurent une constante dénonciation de Vichy, qui interne les communistes, défend le capitalisme et opprime le peuple, ainsi qu'une exaltation flamboyante du " génial Staline " et de l'URSS, patrie du socialisme, pays de liberté et paradis des travailleurs. Constante est la dénonciation de la guerre comme étant une " guerre impérialiste ", ce qui amène L'Humanité à prôner la paix. Rappelant l'anniversaire du pacte germano-soviétique, L'Humanité du 28 août 1940 vante la paix avec l'Allemagne nazie et accuse les Alliés d'être responsables de la guerre : " Il y a eu un an, le 23 août, que fut signé le pacte de non-agression germano-soviétique qui consolidait la paix à l'est de l'Europe. Malgré cela, les impérialistes franco-anglais qui avaient formé le projet de faire la guerre à l'URSS par l'Allemagne interposée n'hésitèrent pas à déchaîner la guerre impérialiste en même temps qu'ils se livraient à une campagne anticommuniste forcenée et couvraient d'insultes le pays du socialisme. Mais grâce à la politique stalinienne de paix, l'URSS s'est maintenue en dehors de la guerre impérialiste [...], elle montre aux exploités et opprimés de l'univers le chemin de la libération, le chemin du bonheur. " L'Humanité de fin septembre 1940, publie la lettre du 1er octobre 1939, en faveur de la paix, des députés communistes du " groupe Ouvrier-Paysan français " avec la liste des signataires, dont Prosper Môquet. Dans son numéro du 31 octobre, L'Humanité confirme la volonté des communistes d'être neutres dans ce conflit qui oppose des impérialismes : " Nous ne voulons pas que des soldats français se fassent tuer, ni pour de Gaulle, ni pour Doriot et Déat, car ce n'est pas en associant son destin à un des groupes impérialistes en guerre que la France pourra se sauver ; elle ne le fera qu'en se débarrassant de l'odieux régime capitaliste. " L'Humanité appelle donc à la libération sociale et non à la libération nationale, et ses diffuseurs, dont Guy Môquet, ne peuvent donc être qualifiés de résistants, ils sont poursuivis en vertu de leur attachement au parti communiste. C'est parce qu'il était communiste, et surtout fils d'un député communiste, que Guy Môquet a été désigné comme otage à fusiller dans une liste soumise aux Allemands sous la responsabilité du ministre de l'Intérieur de Vichy, Pierre Pucheu. En livrant des communistes, Pierre Pucheu prétend épargner de " bons Français ". Il est vrai que le parti d'octobre 1941 n'est plus celui de l'automne 1940. Progressivement, dans la propagande communiste, le thème national s'impose et le discours patriotique devient plus présent et plus enflammé.En mai 1941, la direction du parti entre clairement en résistance en appelant les Français de toutes conditions à lutter contre l'occupant au sein d'un Front national de lutte pour la liberté et l'indépendance de la France. A partir de juillet 1941, suivant les ordres de l'Internationale communiste, le parti se lance dans la lutte armée. Sa pratique des attentats individuels contre des officiers allemands est initiée par Fabien, au métro Barbès le 21 août 1941. Ces attentats amènent les occupants à fusiller des otages dans l'espoir de terroriser la population française. C'est le début d'une nouvelle ère. A partir de 1942, le parti communiste intègre dans sa propagande le martyre de " ceux de Châteaubriant ", rappelé par L'Humanité et célébré par Aragon dans la brochure clandestine Témoin des martyrs de 1942. Son célèbre poème sur " celui qui croyait au ciel, celui qui n'y croyait pas ", La Rose et le Réséda, est publié par Aragon sous son vrai nom, en mars 1943, dans la revue Le Mot d'Ordre. La dédicace, " à Gabriel Péri et d'Estienne d'Orves comme à Guy Môquet et Gilbert Dru ", ne figure qu'à partir de la publication du poème dans La Diane française, en décembre 1944. Comment situer l'engagement de Guy Môquet par rapport à la Résistance ? Il faut comme toujours, prêter une grande attention à la chronologie. Quand il est arrêté par la police française, en octobre 1940, c'est parce qu'il est communiste et diffuse une propagande qu'on ne saurait qualifier de résistante. C'est encore parce qu'il est communiste - et qui plus est fils d'un député communiste notoire - qu'il est interné à Châteaubriant puis désigné, par Vichy, comme otage à fusiller par les Allemands. Il ne saurait donc être qualifié de résistant (soit dit en passant, c'est la raison pour laquelle il ne figure pas parmi les 235 biographies de résistants présentées dans le Dictionnaire historique de la Résistance). Mais cela n'épuise pas la question de savoir pourquoi il est mort. Il a été exécuté par les Allemands le 22 octobre 1941 parce que membre d'un parti clairement entré en résistance depuis mai 1941 et engagé depuis juillet 1941 dans une lutte armée que l'occupant croit alors conjurer par une politique de représailles et d'exécution d'otages. Comment situer la lettre de Guy Môquet parmi les autres lettres de fusillés ? Rappelons que, dans le ressort du Commandement militaire allemand en France, ont été fusillés : environ 3000 résistants après jugement des tribunaux militaires allemands et environ 1000 otages sur ordre des autorités centrales. Dans des conditions très variables, expliquées par Guy Krivopissko dans La vie à en mourir, certains ont pu écrire une ou plusieurs lettres et les faire parvenir à leurs destinataires. Il ne saurait être question de porter le moindre jugement de valeur sur ces ultimes messages, dont le caractère sacré ne peut échapper à personne et qu'on ne saurait lire sans éprouver une profonde émotion. Ils n'en demeurent pas moins des documents historiques qui doivent être mis en perspective. Comme la plupart des lettres de jeunes condamnés, la lettre de Guy Môquet est adressée à ses parents et, ici, à son frère. Elle exprime un ardent amour de ses proches qui s'étend à ses camarades du parti, ses " frères " Roger (Roger Semat) et René (Rino Scolari) qui échappent à la condamnation et, plus loin dans sa lettre, Tintin (Jean-Pierre Timbaud) et Michels (Charles Michels) qui vont être fusillés avec lui. Tous constituent la famille élargie de Guy. Sa lettre, comme bien d'autres, frappe par sa dignité, son refus de tout regret et l'expression d'un courage vrai face à la mort. Contrairement à beaucoup d'autres lettres, on n'y retrouve aucune référence explicite à des valeurs ou à un attachement patriotique, étant bien entendu que l'expression " je souhaite de tout mon coeur que ma mort serve à quelque chose " renvoie implicitement à un espoir et à un au-delà de sa propre existence que l'engagement de toute une vie de ses parents leur permettra de comprendre. La dernière lettre de Guy Môquet peut être mise en parallèle avec celle d'un autre fusillé, à peine plus jeune que lui, Henri Fertet. Né à Seloncourt (Doubs), le 27 octobre 1926, Henri Fertet est élève au lycée Victor Hugo de Besançon quand, à l'été 1942, il rejoint le groupe de résistants que dirige Marcel Simon, agriculteur à Larnod animateur de la section locale de la Jeunesse agricole chrétienne. Quand ce groupe rallie les Francs-Tireurs et Partisans Français (FTPF), au début de 1943, il prend le nom de détachement " Guy Mocquet " avec une orthographe fautive - mais que l'on retrouve aussi dans la presse communiste de l'époque. C'est évidemment en hommage à Guy Môquet et sur une suggestion des responsables communistes qui animent les FTPF que ce nom est choisi. Il est vrai que le parti communiste met alors en avant le nom de ses martyrs - et tous les groupes de Résistance et la France Libre elle-même font alors de même. Arrêté le 3 juillet 1943, Henri Fertet est condamné à mort par le tribunal de la Feldkommandantur 560, le 15 septembre 1943, pour l'attaque de deux sentinelles du fort de Montfaucon, le sabotage d'un pylône à haute tension et l'attentat contre un commissaire des douanes allemand. L'exécution des 16 résistants à la Citadelle de Besançon le 26 septembre 1943 ressemble douloureusement à celle de Châteaubriant : même courage des hommes qui chantent la Marseillaise, même ferveur patriotique et même émotion dans la population. La dernière lettre d'Henri Fertet, communiquée par ses parents, est spontanément recopiée par nombre d'inconnus et publiée par divers journaux clandestins de la Résistance (France d'abord !, Libération, Cahiers du Témoignage chrétien). On retrouve dans la dernière lettre adressée par Henri Fertet à ses parents le même amour filial, la même exigence de dignité et de courage que dans la dernière lettre de Guy Môquet. On remarquera qu'Henri Fertet associe expressément à son amour filial et fraternel, l'amour de la patrie, la fidélité à ses valeurs chrétiennes et un ultime message aux Français : " Je meurs pour ma patrie, je veux une France libre et des Français heureux, non pas une France orgueilleuse et première nation du monde, mais une France travailleuse, laborieuse et honnête. Que les Français soient heureux, voilà l'essentiel. Dans la vie, il faut savoir cueillir le bonheur. " Ainsi sont réunis dans la mort le jeune otage communiste et le jeune résistant chrétien. Leurs dernières lettres, comme toutes les autres, nous émeuvent profondément. Comme mères et pères, filles et fils, compagnes et compagnons... elles nous interpellent sur nos amours et nos valeurs. Comme citoyennes et citoyens elles nous interrogent : Qu'avons-nous fait de leur idéal de solidarité ? Quelle signification avons-nous donnée à leur mort ? François Marcot Professeur à l'Université de Franche-Comté Bibliographie : La vie à en mourir. Lettres de fusillés (1941-1944) [Lettres choisies et présentées par Guy Krivopissko, introduction de François Marcot], Tallandier, (coll. Points Seuil), 2006. PENNETIER (Claude) et BESSE (Jean-Pierre), Juin 40, la négociation secrète, Les éditions de l'Atelier, 2006. BERLIÈRE (Jean-Marc), LIAIGRE (Franck), Le sang des communistes. Les bataillons de la Jeunesse dans la lutte, Fayard, 2004. BASSE (Pierre-Louis), Guy Môquet. Une enfance fusillée, Stock, 2000. TOURRAIN (Raymond), Les Fusillés de la Citadelle ou l'Histoire du groupe Guy Moquet [sic], Besançon, Centre de recherche et d'information politique, économique et sociale, 1994. MARCOT (François) avec la collaboration de LEROUX (Bruno ) et LEVISSE-TOUZE (Christine ) [dir.] , Dictionnaire historique de la Résistance , Résistance intérieure et France Libre , Robert Laffont ( coll. Bouquins ) , 2006 . Documents : Lettre de Guy Môquet à sa famille, Camp de Choisel, Châteaubriant, 22 octobre 1941 Châteaubriant, Le 22 octobre 1941 Ma petite maman chérie Mon tout petit frère adoré Mon petit papa aimé Je vais mourir ! Ce que je vous demande, à toi en particulier petite maman, c'est d'être très courageuse. Je le suis et je veux l'être autant que ceux qui sont passés avant moi. Certes, j'aurais voulu vivre, mais ce que je souhaite de tout mon coeur, c'est que ma mort serve à quelque chose. Je n'ai pas eu le temps d'embrasser Jean. J'ai embrassé mes deux frères Roger et René. Quant à mon véritable, je ne peux le faire, hélas ! J'espère que toutes mes affaires te seront renvoyées, elles pourront servir à Serge qui, je l'escompte, sera fier de les porter un jour.À toi, petit Papa, si je t'ai fait ainsi qu'à ma petite maman bien des peines, je te salue pour la dernière fois. Sache que j'ai fait de mon mieux pour suivre la voie que tu m'as tracée. Un dernier adieu à tous mes amis, à mon frère que j'aime beaucoup, qu'il étudie, qu'il étudie bien pour être plus tard un homme. 17 ans et demie, ma vie a été courte, je n'ai aucun regret si ce n'est de vous quitter tous. Je vais mourir avec Tintin, Michels. Maman, ce que je te demande, ce que je veux que tu me promettes, c'est d'être courageuse et de surmonter ta peine. Je ne peux pas en mettre davantage, je vous quitte tous, toutes, toi maman, Séserge, papa, en vous embrassant de tout mon coeur d'enfant. Courage ! Votre Guy qui vous aime Guy Lettre de Henri Fertet à ses parents, prison de la Butte, Besançon, 26 septembre 1943Monsieur FERTET Besançon-Velotte Doubs Chers parents, Ma lettre va vous causer une grande peine, mais je vous ai vu si plein de courage que, je n'en doute pas, vous voudrez bien encore le garder, ne serait-ce que par amour pour moi. Vous ne pouvez savoir ce que moralement j'ai souffert dans ma cellule, ce que j'ai souffert de ne plus vous voir, de ne plus sentir sur moi votre tendre sollicitude que de loin. Pendant ces 87 jours de cellule, votre amour m'a manqué plus que vos colis et souvent je vous ai demandé de me pardonner le mal que je vous ai fait, tout le mal que je vous ai fait. Vous ne pouvez douter de ce que je vous aime aujourd'hui, car avant je vous aimais plutôt par routine, mais maintenant je comprends tout ce que vous avez fait pour moi et je crois être arrivé à l'amour filial véritable, au vrai amour filial. Peut-être, après la guerre, un camarade parlera-t-il de moi, de cet amour que je lui ai communiqué. J'espère qu'il ne faillira point à cette mission désormais sacrée. Remerciez toutes les personnes qui se sont intéressées à moi et particulièrement mes plus proches parents et amis, dites-leur toute ma confiance en la France éternelle. Embrassez très fort mes grands-parents, mes oncles, mes tantes et cousins, Henriette. Dites à monsieur le Curé que je pense aussi particulièrement à lui et aux siens. Je remercie Monseigneur du grand honneur qu'il m'a fait, honneur dont, je crois, je me suis montré digne. Je salue aussi en tombant mes camarades de lycée. A ce propos : Hennemann me doit un paquet de cigarettes, Jacquin mon livre sur les hommes préhistoriques. Rendez le " Comte de Monte-Cristo " à Emourgeon, 3, chemin Français, derrière la gare. Donnez à Maurice André de la Maltournée, 40 gr. de tabac que je lui dois. Je lègue ma petite bibliothèque à Pierre, mes livres de classe à mon petit papa, mes collections à ma chère petite maman, mais qu'elle se méfie de la hache préhistorique et du fourreau d'épée gaulois. Je meurs pour ma patrie, je veux une France libre et des Français heureux, non pas une France orgueilleuse et première nation du monde, mais une France travailleuse, laborieuse et honnête. Que les Français soient heureux, voilà l'essentiel. Dans la vie, il faut savoir cueillir le bonheur. Pour moi, ne vous faites pas de souci, je garde mon courage et ma belle humeur jusqu'au bout et je chanterai " Sambre et Meuse " parce que c'est toi, ma chère petite maman, qui me l'a apprise. Avec Pierre, soyez sévères et tendres. Vérifiez son travail et forcez-le à travailler. N'admettez pas de négligence. Il doit se monter digne de moi. Sur les " trois petit nègres ", il en reste un, il doit réussir. Les soldats viennent me chercher. Je hâte le pas. Mon écriture est peut-être tremblée, mais c'est parce que j'ai un petit crayon. Je n'ai pas peur de la mort, j'ai la conscience tellement tranquille. Papa, je t'en supplie, prie, songe que si je meurs c'est pour mon bien. Quelle mort sera plus honorable pour moi que celle-là ? Je meurs volontairement pour ma patrie. Nous nous retrouverons tous les quatre bientôt au ciel. " Qu'est-ce que cent ans ? "... Maman rappelle-toi : " Et ces vengeurs seront de nouveaux défenseurs qui, après leur mort, auront des successeurs. " Adieu, la mort m'appelle, je ne veux ni bandeau, ni être attaché. Je vous embrasse tous. C'est dur quand même de mourir. Mille baisers. Un condamné à mort de 16 ans H. FERTET Expédié par : Monsieur Henri FERTET au ciel, près de Dieu. Excusez fautes d'orthographe, pas le temps de relire
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