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Jean GINAS


(1892-1975)

Jean Ginas est né le 19 mars 1892 à Grenoble. À 18 ans, il s'engage dans l'armée où il est affecté au 23 e Régiment d'Artillerie (23e RA) puis au 5 e RA. Durant la Grande Guerre il sert successivement aux 113e et 114e RA jusqu'en juillet 1917 où il est détaché à l'aviation de reconnaissance comme observateur. Il s'y distingue notamment du 15 juillet au 31 août 1918, exécutant 3 reconnaissances et 9 missions photographiques à plus de 40 kilomètres dans les lignes ennemies en dépit de nombreuses patrouilles qui lui donnaient la chasse. Il termine la guerre avec le grade de lieutenant.

Breveté pilote dès 1919, le lieutenant Ginas est affecté au Levant où il sert au 35e Régiment d'Aviation(1920-1922). On le retrouve ensuite au 33e Régiment d'Aviation de 1926 à 1929. Passé au 31e Régiment d'Aviation en 1930, puis au 32e Régiment d'Aviation à la base aérienne de Dijon en 1932, il sert ensuite, de 1934 à 1939, à la 52e Escadre à Nancy.

De septembre 1939 jusqu'à l'armistice de juin 1940, le commandant, Jean Ginas dirige l'École de Chasse n°1 à Étampes.

Mis en congés d'Armistice en août 1940, il met en place à Vichy un service de transport avec l'aide de la Croix Rouge avec laquelle il travaille au ravitaillement des camps de prisonniers de zone sud. Dès octobre 1940, il organise un service de renseignements qui lui a permis de faire connaître aux forces alliées le plan de bataille de la Luftwaffe en France. En 1941, il est contacté par le mouvement « Ceux de la Libération » dont il devient rapidement membre du Comité directeur. Son fondateur Maurice Ripoche lui confie la mission d'organiser un service de transport automobile devant être utilisé en cas de débarquement allié.

En février 1943, il est gravement accidenté en voiture au cours d'une de ses missions. Dès sa convalescence, il monte à Paris où il est désigné par Roger Coquoin comme chef militaire pour la capitale dans le cadre de l'Armée secrète.

En septembre 1943, le commandant Ginas est désigné pour représenter « Ceux de la Libération » à l'Assemblée consultative d'Alger. Mais l'arrestation de Roger Coquoin successeur de Maurice Ripoche, l'empêche de rejoindre Alger puisqu'il est immédiatement désigné pour lui succéder à la tête du mouvement dont il devient chef national.

Arrêté par les Allemands le 19 janvier 1944 Jean Ginas est interné à Fresnes où il est longuement interrogé et torturé par la Gestapo. Transféré au camp de Compiègne en mars 1944, il est finalement libéré par les Allemands le 26 août 1944 à l'arrivée des troupes américaines.

Compagnon de la Libération par décret du 17 novembre 1945, Jean Ginas est promu au grade de général de brigade aérienne en décembre 1946.

En 1954, Jean Ginas fonde la Confédération Nationale des Combattants Volontaires de la Résistance (CNCVR) dont il devient le premier président jusqu'à son décès survenu en 1975.

En décembre 1954 paraît le premier numéro de l'Écho de la Résistance, journal de la CNCVR, où le général Ginas expose les motifs de la création et le but de cette association. « D'abord, le nombre d'amicales ou associations se réclamant à un titre quelconque de la Résistance était devenu considérable, sans que personne puisse savoir exactement ce que représentait un grand nombre d'entre elles. (...) Ensuite, hormis les plus grandes et les mieux administrées d'entres elles, qui avaient su maintenir intacts les liens qui s'étaient formés au cours des combats et qui, s'étaient gardées de toute déviation dans un sens ou dans un autre, il faut bien reconnaître que plusieurs associations très prometteuses au départ, s'étaient morcelées sous l'effet de dissensions internes ; leur représentativité s'en trouvait forcément diminuée. Enfin, il n'existait pas d'organisme réellement représentatif des Combattants Volontaires de la Résistance considérés dans leur ensemble, quels que soient le lieu ou la forme des luttes qu'ils avaient menées pour la Libération. La lacune était évidente, et la résistance n'offrait plus le spectacle de l'union autour d'un idéal commun, qu'elle avait pu donner au moment des combats. ». Avec la loi de 1949 définissant le titre de Combattant Volontaire de la Résistance, les promoteurs de la CNCVR ont vu l'occasion de réaliser leur dessein d'union en créant une grande association, sur la base de la possession du titre de Combattant Volontaire de la Résistance. Ainsi, Jean Ginas explique toujours dans cet article « certes, les combattants en uniforme qui pouvaient arborer la Croix de Lorraine, les agents de réseaux dont l'action devait rester secrète vis-à-vis de tous, les membres des mouvements qui cherchaient à concrétiser l'aspiration politique du pays, les maquisards, se sentaient de bien des manières solidaires les uns des autres. Mais cette solidarité ne pouvait nulle part se donner carrière. Tel est le but de la confédération ».

Sur le plan de l'organisation, ses fondateurs estiment que le désir d'union qui doit animer les Combattants Volontaires de la Résistance ne peut matériellement être mis en pratique que dans un cadre géographique limité au département. Le succès est immédiat, en 6 mois 40 unions départementales se sont formées et ont déposé leurs statuts et tiennent des réunions périodiques !

En même temps les pouvoirs publics marquent d'emblée leur confiance dans cette toute jeune confédération en confiant à la CNCVR le soin d'organiser sur l'ensemble du territoire un nombre important de cérémonies commémoratives dans le cadre du 10e anniversaire de la Libération.

En novembre 1955, la Confédération Nationale des Combattants Volontaires de la Résistance réunie en Assemblée Générale Ordinaire, à Paris, adopte une motion qui demande notamment  « aux pouvoirs publics de prendre toutes les mesures nécessaires à la rénovation de l'enseignement civique et moral à tous les degrés de I'Éducation nationale » et appelle « toutes les Unions départementales à promouvoir l'organisation d'un prix de civisme et de morale devant récompenser les élèves des établissements scolaires qui se seront distingués dans l'étude des questions civiques et morales. »

Cette motion a été à l'origine de la création, dans un certain nombre de départements, du «Prix de la Résistance».

En mai 1958, lors du 3e Congrès national à Lyon, le général Jean Ginas, constatant qu'il n'existait qu'une trentaine de prix départementaux, demanda aux Unions départementales de généraliser, dans toute la France, l'organisation de ces prix et réclama la création d'un «Prix National de la Résistance» préfiguration de ce qui est devenu aujourd'hui le Concours National de la Résistance et de la Déportation.

Grand croix de la Légion d'Honneur, compagnon de la Libération, Grand croix de l'Ordre national du Mérite, médaillé de la Résistance, Jean Ginas était titulaire de 9 citations à l'ordre de l'armée tant pour sa conduite et sa bravoure exceptionnelle au cours de la Grande Guerre, qu'au cours de la campagne du Levant, et de la Seconde Guerre mondiale.

Jean Ginas est décédé le 3 novembre 1975 et repose au cimetière du Montparnasse à Paris.

 

Frantz MALASSIS