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Palmarès du Concours de la meilleure photographie d’un lieu de Mémoire 2022-2023

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Palmarès du Concours de la meilleure photographie d’un lieu de Mémoire 2022-2023

Pour l’année scolaire 2022-2023, trente-huit photographies ont été adressées au jury du Concours de la meilleure photographie d’un lieu de mémoire qui a décerné trois prix et une mention à l’occasion de cette vingt-cinquième édition.

Le Concours de la meilleure photographie d’un lieu de mémoire a été lancé en 1998 par la Fondation de la Résistance dans le sillage du Concours national de la Résistance et de la Déportation (CNRD) dont le thème d’alors invitait les élèves à rechercher l’histoire des lieux de Mémoire (1) . L’idée initiale était de permettre aux candidats du CNRD de valoriser leurs productions photographiques prises dans ce cadre. Depuis, ce concours, le seul du genre, offre aux élèves la possibilité de photographier des lieux de mémoire, situés en France ou à l’étranger, relatifs à la Résistance intérieure et extérieure, à l’internement et à la Déportation. Par la maîtrise de la photographie et la rédaction d’un court texte expliquant leur démarche, les candidats expriment leur sensibilité à l’égard des aspects artistiques et architecturaux des lieux de mémoire de la Seconde Guerre mondiale. Son jury est composé d’iconographes, d’historiens, de conservateurs de musées et de représentants d’institutions et d’associations de mémoire et d’histoire.

En vingt-cinq ans, ce concours, véritable formation à l’éducation à l’image, a permis à plus de 850 collégiens, lycéens et apprentis de montrer les liens qui les unissent à cette « mémoire de pierre », héritage légué bien souvent par des résistants et des déportés, et les leçons civiques qu’ils en tirent. Un certain nombre de travaux sont accompagnés de textes à résonance littéraires comme des poèmes (2) traduisant l’émotion ressentie par les élèves en ces lieux.

Pour la session 2022-2023 du Concours de la meilleure photographie d’un lieu de Mémoire, les Fondations de la Résistance, pour la Mémoire de la Déportation et Charles de Gaulle ont reçu 38 photographies qui ont été soumises au jury.

Conscient de l’intérêt pédagogique et des leçons civiques que peuvent en tirer les élèves, le jury multiplie les actions pour promouvoir activement ce concours. La direction de la Mémoire, de la Culture et des Archives (DMCA-ministère des Armées) et de l’Association des professeurs d’Histoire-Géographie (APHG) ont largement diffusé les informations invitant les enseignants du secondaire à y participer notamment via leurs sites internet et leurs réseaux sociaux.

Frantz Malassis

Chef du département documentation et publications à la Fondation de la Résistance

(1) Le thème du CNRD 1998-1999 était : « Des plaques, des stèles, des monuments évoquent le souvenir des actions de résistance et la mémoire des victimes des persécutions et des répressions de la période 1940 à 1945. Recherchez et commentez l’histoire de ces femmes, de ces hommes, de ces enfants ».
(2) En 2022-2023, treize candidats ont accompagné leurs travaux de poèmes, soit au total 34,21% des travaux examinés.

Les lieux de mémoire photographiés en 2022-2023

Sur l’ensemble des 38 photographies examinées cette année, 36 (soit 94,74%) ont été prises dans 13 départements français et 2 à l’étranger (soit 5,26 %).

En France :

  • Ain : maison d’Izieu (2).
  • Ardèche : monument aux Morts du Maquis des Manises à Revin (1).
  • Bouches-du-Rhône : mémorial Jean Moulin à Salon-de-Provence (1).
  • Calvados : monument à Omaha Beach à Saint-Laurent-sur-Mer (1), vestiges du port artificiel d’Arromanches (1), cimetière américain de Saint-Laurent-sur-Mer (3).
  • Indre-et-Loire : monument aux morts du jardin du souvenir à Tours (1).
  • Pyrénées-Atlantiques : le camp d’internement de Gurs (5).
  • Bas-Rhin : le camp de concentration de Natzweiler-Struthof (9).
  • Paris : cimetière du Père Lachaise (1).
  • Var : stèle de Vins-sur-Caramy (1).
  • Vienne : forêt de Saint-Sauvant, lieu d’un ancien de maquis (1).
  • Haute-Vienne : village martyr d’Oradour-sur-Glane (2).
  • Hauts-de-Seine : Mont-Valérien (2).
  • Seine-Saint-Denis : gare de Bobigny (4).
  • Lieu inconnu (1).

À l'étranger :

  • Pologne : le camp d’Auschwitz-Birkenau (2).

Les chiffres entre parenthèses correspondent au nombre de photographies pour le lieu concerné.

Le premier prix a été attribué à Gabriel PIERRE, élève du lycée Alain Fournier à Bourges (Cher) pour son photomontage intitulé « Vivant par la Mémoire » réalisé à partir de clichés pris à la Maison d’Izieu (Ain).


Photo Gabriel PIERRE

Ce travail était accompagné de réflexions sur ce lieu de mémoire.

« Cette photographie est un photomontage mélangeant deux clichés : le premier pris par mes soins le 1 er juin 2023 à la fontaine de la Maison d’Izieu, et le second pris à l’été 1943 nommé «Fête à la fontaine».
Cette photographie a pu être réalisée grâce à un voyage organisé par le CNRD, proposé à certains participants du concours.
Lorsque l’on vient à la maison d’Izieu, on ne ressent pas cette ambiance pesante que l’on peut ressentir dans un autre mémorial. C’est un lieu de paix, entouré de montagnes, forêts, petites maisonnettes, avec le passage du Rhône en contrebas dans la vallée. C’est un lieu marquant par sa beauté et son histoire. Lorsque l’on entre dans la maison, on peut ressentir cette joie que les enfants dégageaient, que ce soit par les lettres à leurs parents, leurs dessins, ou encore par leurs visages souriants sur les photographies. La paix et la joie sont les maîtres mots de cette maison, l’innocence des enfants devait faire oublier la guerre. En visitant le musée, un grand exemplaire de la Fête à la fontaine était présenté ; aspiré par le sourire de ces enfants, ainsi que par leur joie de vivre, je me suis rendu à la fin de la visite sur l’emplacement où a été prise la photographie.
L’arbre sur la photo n’y était plus, les enfants non plus, des pavillons avaient été ajoutés, mais on ressentait toujours une abondance de vie dans l’air. J’ai donc dégainé mon appareil, ai essayé de me placer le plus que possible dans la même position que lors de la prise de vue originale, puis j’ai capturé l’instant. Les enfants ne sont peut-être plus vivants par le corps, mais ils le resteront à jamais par la mémoire. »

Le deuxième prix a été décerné à Vivien VARGA, élève du collègue Louis Pasteur à Villemomble (Seine-Saint-Denis) pour sa photographie prise au camp de Natzweiler- Struthof lors d’un voyage pédagogique dans le cadre du Concours national de la Résistance et de la Déportation le 17 avril 2023.


Photo Vivien VARGA

Ce candidat a joint à sa création un poème traduisant son émotion dans ces lieux.

« C’était le matin et le camp était complètement pris dans un brouillard très épais. L’atmosphère, silencieuse et glaciale, était terrible. Nous avons passé la porte du camp et nous avons découvert cette potence enlacée dans ce brouillard pénétrant les corps et les âmes, surplombant le camp que nous ne pouvions voir dans le brouillard ; sinistre instrument de terreur des nazis. Cette potence m’a figée dans l’horreur. J’ai choisi cette photographie qui fixe la terreur des nazis. »

Au sommet de cette montagne
Disparaissant dans le brouillard
Un camp maudit
Qui a abrité l’enfer des déportés.
Sur cette potence, ils étaient exécutés
La vie de tous ces cœurs meurtris
Condamnés par les nazis à mourir
Ils sont montés sur la tête haute
À ce poteau une corde pendue
En un instant abattus
Leur corps décharné suspendu sans vie
À cause de cette idéologie
Qui a enlevé tant de vie

Transmettre l’histoire et la mémoire
Tel est notre devoir
L’enfer des déportés
Doit être raconté
Pour perpétuer la mémoire
De ceux qui ont sacrifié leur vie

Le troisième prix est revenu à Aymerick GUITTARD, élève d’une classe d’enseignement général, CEF à Brignoles (Var) pour son travail sur la stèle de Vins-sur-Caramy (Var).


Photo Aymerick GUITTARD

En plus de son explication historique, ce candidat a composé un poème pastichant « Le dormeur du val » d’Arthur Rimbaud pour illustrer de façon sensible son rapport à l’histoire, source de leçons civiques.

« Le 6 juin 1944 a lieu le débarquement de Normandie. À Brignoles, on attend celui de Provence. La Section Atterrissage et Parachutage (SAP) a balisé le terrain Vermicel dans les bois de Vins sur Caramy où sont largués des containers d’armes cachés dans la grotte de Savoye. Le 8 juin, la BBC diffuse le message « Goûtons si le vin est bon », le débarquement est imminent. Les armes sont distribuées aux résistants vinsois. Fausse alerte ! Les armes sont remises à la hâte dans la grotte puis déplacées vers les mines de bauxite de Cabasse.
Le 27 juillet, les Allemands arrêtent Jean Mozzone, ses deux fils Eugène et Louis et Théodore Linari. Interrogés et torturés, ils sont conduits à la grotte de Vins. Refusant toujours d’indiquer où ont été transportées les armes, ils sont fusillés sur place le 29 juillet 1944. Louis Mozzone avait 22 ans, il était à peine plus âgé que moi et ce qu’il écrit juste avant sa mort m’a beaucoup ému.

« Je ne suis pas bandit, ni voleur, moins encore,
C’est pour mon idéal que je me sacrifie.
Je veux savoir mourir, mourir comme mes frères,
Qui déjà de leur sang avant moi ont payé. »

Cette photographie exprime le caractère secret de la Résistance. J’ai choisi en travaillant la profondeur de champ et en accentuant légèrement le contraste de faire surgir au cœur de la nature sauvage et belle, le souvenir lumineux et tragique du sacrifice de ces quatre hommes. »

Les dormeurs de Vins

C’est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux romarins des haillons
D’argent, où le soleil, de la colline fière,
Luit ; c’est un val baigné de rayons.

Une grande stèle moussue
Nous rappelle, sous le ciel bleu,
Qu’il n’y a pas si longtemps, sous la nue,
Des hommes étaient courageux.

Les pieds dans les rocailles, ils sont morts.
Insouciants comme des enfants, ils font un somme.
Nature, berce-les chaudement : ils ont froid !

Les coups n’ont pas fait douter leur courage
Ils dorment dans la grotte les mains enlacées,
Tranquilles, vous êtes leur héritage

Une mention spéciale du jury est venue récompenser Jeanne RAUBER FUHRMANN, élève au collège Louis Pasteur à Villemomble (Seine-Saint-Denis) pour sa photographie prise à la gare de Bobigny (Seine-Saint-Denis).


Photo Jeanne RAUBER FUHRMANN

Dans le cadre de la préparation au Concours national de la Résistance et de la Déportation, cette élève a pu visiter la gare de Bobigny fin mai 2023.

Voici son commentaire personnel ainsi qu’un poème qu’elle a composé à la suite de cette visite.

« Cette gare, remplaçant celle du Bourget, devient de l’été 1943 à l’été 1944, le lieu de déportation des Juifs détenus au camp de Drancy que j’avais visité en décembre 2022. En un an près de 22 500 hommes, femmes et enfants de tous âges y sont embarqués dans des convois qui les mènent vers Auschwitz-Birkenau. Surtout, j’ai voulu rendre hommage à Ginette Kolinka, que j’ai eu la chance de rencontrer dans mon collège le 17 mai 2023, quelques jours avant cette visite et qui a conclu son entretien en faisant de nous des passeurs de mémoire. Cette stèle commémore le convoi 71 dans lequel elle a été déportée à 19 ans, et dans lequel on trouvait aussi la majorité des enfants de la colonie d’Izieu ou Simone Veil. Des jeunes, des adolescents qui auraient dû aller à l’école, et qui avaient toute la vie devant eux. »

Je veux vous parler de lui.
Je veux vous parler de celui qui a volé leur vie,
De celui qui a emporté leurs enfants sans dire un mot,
De celui qui a détruit leurs rêves en un clin d’oeil,
De celui qui a brisé des familles rien que par son nom,
De celui qui a fait le trajet jusqu’à Pitchipoï en gardant le silence,
De celui qui les a déposés en Enfer,
De celui qui a causé leur mort en repartant comme si de rien n’était,
De celui qui renferme des pleurs d’enfants et des cris de désespoir,
De celui qui charriait la mort,
Oui je veux vous parler de lui.
Le convoi 71.